Le congé de paternité en 5 points clés

Vous avez peut-être manqué l’info, mais ça y est, le président a annoncé que la durée du congé de paternité allait être doublée. Super nouvelle n’est-ce pas ? En tout cas, perso, ça me met vraiment en joie ! C’est une réforme très importante et qui va certainement changer beaucoup de choses dans le quotidien des parents, je vous propose donc de faire un petit tour de la question ensemble. 

Que dit la loi actuelle sur le congé de paternité ? 

Vous n’êtes pas sans savoir que pendant des siècles, le rôle de la femme se résumait à faire des enfants et rester à la maison pour s’occuper de ceux-ci et des tâches ménagères, sans avoir le droit de faire autre chose (même si ce n’est toujours pas parfait, je suis bien contente de vivre au 21e siècle !). Le rôle de l’homme, c’était donc de travailler pour subvenir aux besoins de sa famille, et donc pas trop de s’impliquer dans l’éducation des enfants. Bah ouais, c’pas très viril hein les mioches. 

J’ai été surprise, et peut-être le serez-vous comme moi, d’apprendre que le congé de paternité n’a été mis en application qu’en 2002 après avoir été proposé par le gouvernement Jospin (et Ségolène Royal en l’occurrence, ministre de la famille à l’époque). Oui, vous avez bien lu, ça ne fait même pas 20 ans qu’il existe. Je vous parle bien là du congé de paternité, et non du congé de naissance (mais si, vous savez, les trois petits jours accordés aux pères quand son enfant naît !) qui, lui, existe depuis plus longtemps. Cette mise en place est bien entendu due au fait que les mœurs évoluent et que les papas souhaitent de plus en plus être présent auprès de leur enfant et de leur conjointe à la naissance, prenant au fil du temps de plus en plus part à l’éducation de leur petite progéniture. 

Depuis sa création en 2002, le congé de paternité a une durée de 11 jours, en plus des 3 jours du congé de naissance. Ces 11 jours sont des jours calendaires, c’est-à-dire qu’ils incluent les week-ends et les jours fériés, ce qui nous fait un total de deux semaines si on cumule le congé de naissance et le congé de paternité. Et deux semaines, vous en conviendrez, ça fait pas beaucoup ! De ce fait, beaucoup de pères posent des congés payés en avance, à peu près au moment supposé de la naissance, pour pouvoir être présents. 

Où en est la France par rapport aux pays européens au sujet du congé de paternité ? 

Avec l’allongement du congé de paternité, la France se situera désormais parmi les pays accordant le nombre de jours le plus élevé, en tout cas en termes de congé paternité à proprement parlé. En effet, certains accordent un congé parental unique (de plus d’un an parfois) que les deux parents peuvent choisir de se répartir.  

Au niveau européen, de grosses disparités existent. Si 23 des 27 pays membres reconnaissent le congé paternité, l’Espagne et la Finlande sont par exemple bien devant avec 12 semaines pour le premier et 9 semaines pour le second, tandis que près de la moitié des pays européens proposent moins de 10 jours, proposent un congé parental unique à partager entre les deux parents, voire rien du tout. 

Afin d’harmoniser les pratiques, tous les membres de l’Union Européenne ont jusqu’au 02 août 2022 pour mettre en place un congé d’au moins 10 jours pour le père ou la personne reconnue comme deuxième parent par la législation nationale. 

Pourquoi le congé de paternité est important ? 

On parle énormément des inégalités hommes-femmes, notamment dans le monde du travail. Mais faire plus de place aux femmes dans la vie professionnelle implique forcément de donner l’opportunité aux hommes de pouvoir s’investir plus à la maison pour que cela fonctionne.  

Au-delà de la dimension féministe, il y a également la sécurité. Il a été démontré que laisser une femme seule chez elle avec son bébé durant les semaines qui suivent l’accouchement augmente le risque de mortalité infantile et de dépression post-partum. Ça vaut peut-être le coup de permettre aux hommes de rester à la maison un peu plus longtemps du coup, non ? 

Il ne faut pas oublier non plus que l’arrivée d’un bébé, que ce soit le premier ou non, ça chamboule totalement la vie. Allonger la durée du congé paternité permet au couple et à tout le foyer d’avoir le temps de prendre ses marques, le temps que chacun trouve sa nouvelle place. Et puis un accouchement : ça laisse des traces. Certains sont plus difficiles que d’autres et demandent donc plus de temps pour s’en remettre, permettre aux pères d’être présents plus longtemps, c’est également permettre à la mère de pouvoir se remettre de tout ça (les hormones chamboulées, le vagin déchiré, les organes qui se replacent lentement, mais sûrement, les montées de lait… Et tout plein de trucs du genre tous aussi sympas les uns que les autres). 

De plus, un rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales a montré que le congé paternité favorise durablement l’investissement du père et donc les liens entre celui-ci et son enfant, ce qui permet, à terme, de partager naturellement la charge mentale entre les deux parents. Donc jusqu’ici, ça paraît vraiment être une bonne idée. 

Je voudrais également dire une chose, qui va peut-être en choquer certains vu les commentaires que j’ai pu lire sur Internet sur le sujet, mais le père aussi a le droit de vouloir s’occuper de son nouveau-né, d’en prendre soin et, aussi incroyable que cela puisse paraître, certains aiment même ça ! Parce qu’en fait les hommes sont tout aussi capables que les femmes de s’occuper d’un bébé, il suffit juste qu’on leur en laisse l’opportunité ! 

Enfin, c’est important parce que cela permettra peut-être enfin de changer en profondeur le modèle familial et sociétal qui nous régit depuis trop d’années et qui devient aujourd’hui obsolète. 

Les initiatives sur le congé de paternité. 

Certaines entreprises françaises, voyant que rien ne bougeait au niveau législatif, ont décidé de changer les choses à leur niveau avec le “parental act”. Aussi, le 5 février 2020, on a vu paraître une tribune dans Les Échos, dans laquelle 105 entreprises s’engageaient à mettre en place un congé “second parent” d’au moins un mois. Sur le principe, rien à redire, c’est une très bonne idée. Le souci, c’est que cela crée des discriminations, puisque tout le monde n’y aura pas accès selon la structure dans laquelle il travaille. Et avoir deux vitesses sur ce sujet, ça a sûrement accélérer un peu les choses au niveau du gouvernement. 

Toujours en 2020, à l’occasion de la fête des pères, près de 400 hommes, plus ou moins connus, ont pris part à une tribune publiée dans Le Monde. Le but, là encore, était de se positionner en faveur de l’allongement de la durée du congé paternité, de montrer la volonté d’une majorité des pères de France, jusqu’ici relativement silencieux, d’avoir les moyens légaux de s’investir plus dans les premières semaines de l’enfant. Ils rappellent que plus de 60 % des 18 – 24 ans souhaitent l’allongement du congé de paternité. Ouais, parce que le plus souvent, cette demande était portée par les femmes, parce que l’égalité homme-femme et tout ça, mais le fait de voir que cette demande émane finalement réellement des hommes, cela force à réfléchir et à adapter la loi à la volonté de la population. 

Ce que dit la nouvelle loi sur le congé de paternité. 

Le 8 septembre 2020, une commission d’experts, avec à sa tête le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, a rendu un rapport sur les 1000 premiers jours de l’enfant : “il faut du temps, de la disponibilité et de la proximité physique et émotionnelle de la part des parents pour qu’ils construisent avec leur bébé une relation harmonieuse”. Ce rapport serait le point de départ de la réforme du congé paternité annoncée par l’Elysée. 

Celui-ci va donc passer à 28 jours, au lieu de 14 actuellement. Cet allongement fera partie de la loi de financement de la sécurité sociale à l’automne, et entrera en vigueur au mois de juillet 2021. Tous les salariés pourront y prétendre, quel que soit leur statut, leur ancienneté ou le type de contrat. Il sera également possible pour les exploitants agricoles, les professions libérales et les travailleurs indépendants. 

Ce congé est destiné bien sûr au père de l’enfant, qu’importe la situation familiale (concubinage, séparation, mariage, etc.) mais il pourra également être pris par conjoint de la mère (mari, PACS, concubinage) dans certains cas. 

L’allongement de ce congé n’est pas la seule nouveauté de la mesure. En effet, sept jours vont être rendus obligatoires. Le but de cette obligation est de demander ce congé à son employeur sans craindre pour sa carrière et les éventuelles pressions de la hiérarchie. Il pourra ainsi être accordé sans discrimination à tous les futurs parents, tout comme les huit semaines obligatoires du congé maternité. 

En ce qui concerne la rémunération, ce sera le même principe que pour le congé de maternité : indemnité journalière en fonction du salaire de base, plafonné à 89 € par jour. 

Je ne sais pas vous, mais je suis très heureuse de cette nouvelle réforme, et réellement convaincue que c’est une avancée majeure pour les hommes, et pour l’égalité homme-femme bien entendu. Cela va permettre, je l’espère, de mettre au placard une bonne fois pour toutes les pressions que peuvent subir les hommes du style : “tu dois travailler pour subvenir aux besoins de ta famille, tu n’as pas le temps de changer des couches”, ou encore : “ce n’est pas viril de s’occuper d’un bébé, c’est le rôle d’une femme !”. 

Et vous, que pensez-vous de cet allongement du congé de paternité ? 

6 réflexions sur “Le congé de paternité en 5 points clés

  1. Coucou,

    cette nouvelle réforme est une très bonne nouvelle pour les Papas et les Mamans !

    Comme toi je suis étonnée d’apprendre que ce congé a été mis en place il y a moins de 20 ans ! C’est très surprenant, je pensais ça plus ancien.

    Bise

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